Compostage en bac : techniques pour un humus de qualité

Chaque année, près de 25 millions de tonnes de déchets organiques sont produits en France, impactant négativement l'environnement. Le compostage en bac offre une solution écologique et efficace pour réduire cette quantité, tout en créant un fertilisant naturel exceptionnel pour votre jardin. Ce guide complet vous détaille les étapes pour obtenir un compost de qualité supérieure.

Choisir son bac à compost : le matériel

Le choix du bac à compost est crucial pour le succès de votre projet. Plusieurs types de bacs sont disponibles, chacun avec ses propres avantages et inconvénients. La taille, la durabilité, le système d'aération et le prix sont autant de critères à considérer. Un bac de bonne qualité vous permettra d’optimiser le processus de compostage et d’obtenir un humus de qualité.

Types de bacs à compost

  • Bac à compost en bois : Esthétique et naturellement aéré, il est cependant moins durable (durée de vie moyenne de 5 ans) et nécessite un entretien régulier pour prévenir la dégradation du bois par l'humidité. Il est préférable d'opter pour des bois naturellement imputrescibles.
  • Bac à compost en plastique : Plus résistant et durable que le bois, il est facile à nettoyer et moins sujet à la dégradation. Cependant, il est souvent moins esthétique et moins respirant qu’un bac en bois. Choisissez un modèle avec des ouvertures d'aération pour une bonne circulation de l'air.
  • Bac à compost tournant : Idéal pour faciliter le brassage du compost et accélérer la décomposition, il est cependant plus cher que les autres modèles et sa durabilité peut être limitée. Il est particulièrement adapté aux petits espaces.

Accessoires indispensables pour un compostage optimal

  • Aérateur : Permet une meilleure circulation de l'air, accélérant la décomposition et empêchant la compaction du compost. Il est essentiel pour éviter les mauvaises odeurs et favoriser le développement des micro-organismes bénéfiques.
  • Thermomètre à compost : Indispensable pour surveiller la température du compost. Une température optimale se situe entre 40°C et 60°C. Un écart de température signale un problème, comme un manque d'aération ou un déséquilibre dans le rapport carbone/azote.
  • Système d'humidification : Permet de maintenir un taux d'humidité optimal, essentiel pour la décomposition. Un compost trop sec ou trop humide compromettra le processus.
  • Plateau de drainage : Permet l'évacuation du jus de compost (le purin), évitant la stagnation d'eau et les mauvaises odeurs. Ce purin dilué peut d’ailleurs être utilisé comme engrais liquide.

Choisir l’emplacement idéal pour son bac à compost

L'emplacement du bac à compost est important pour son bon fonctionnement. Privilégiez un endroit ombragé ou mi-ombragé pour éviter le dessèchement du compost, à proximité d'une source d'eau pour faciliter l'arrosage. Assurez-vous que l'accès est facile pour le remplissage et le vidage. Protégez le bac des vents forts et des fortes pluies pour optimiser les conditions de compostage.

Les ingrédients du compost : la recette du succès

Un compost de qualité repose sur un équilibre précis entre matières “vertes” (azotées) et matières “brunes” (carbonées). Le rapport carbone/azote (C/N) idéal est généralement compris entre 25:1 et 30:1. Un bon équilibre est crucial pour une décomposition efficace et la prévention des mauvaises odeurs. La taille des déchets est également importante : plus ils sont petits, plus la décomposition sera rapide.

Matières "vertes" (azotées) : des apports riches en azote

  • Tonte de gazon (finement coupée) – environ 25% du volume total
  • Restes de légumes et fruits (épluchures, fanes) – environ 20% du volume total
  • Marc de café et filtres en papier (biodégradables) – environ 5% du volume total
  • Plantes vertes (herbes, mauvaises herbes) – environ 15% du volume total

Il est important de bien hacher les matières vertes pour accélérer leur décomposition.

Matières "brunes" (carbonées) : l'équilibre parfait

  • Feuilles mortes sèches (hachées finement) – environ 20% du volume total
  • Paille (finement hachée) – environ 5% du volume total
  • Branchages broyés (finement broyés) – environ 5% du volume total
  • Carton non imprimé et déchiqueté – environ 5% du volume total

Les matières brunes fournissent le carbone nécessaire au processus de décomposition. Il est recommandé de les hacher finement pour optimiser le processus.

Matières à éviter absolument

  • Viandes, poissons et produits laitiers : attirent les nuisibles et produisent des odeurs nauséabondes. La décomposition est très lente et peut entraîner des problèmes sanitaires.
  • Matières grasses : empêchent une bonne aération et peuvent devenir rances.
  • Déchets malades ou traités chimiquement : peuvent contaminer le compost et nuire à la croissance des plantes.
  • Déchets contenant du plastique ou du métal.

Les os et les coquilles d'œufs entières sont à éviter car leur décomposition est très lente. Les épluchures de légumes cuits doivent être enterrées profondément pour éviter les mauvaises odeurs.

Le juste équilibre : le rapport carbone/azote (C/N)

Un rapport C/N équilibré est primordial. Un excès de matières vertes peut entraîner des odeurs nauséabondes et un compost pâteux. Un excès de matières brunes ralentit le processus de décomposition. L'idéal est de viser un rapport entre 25:1 et 30:1. Un thermomètre à compost vous aidera à surveiller la température et à ajuster le rapport si besoin.

L’ajout de bio-activateurs : mythes et réalités

L'ajout de bio-activateurs (comme des enzymes ou des micro-organismes spécifiques) n'est pas indispensable. Un compost bien équilibré et correctement aéré se décomposera naturellement. Cependant, l’ajout de vers de compost (Eisenia fetida) accélère le processus et améliore la qualité du compost. L'utilisation de purin d'ortie dilué peut stimuler la croissance des micro-organismes, mais son utilisation reste facultative.

Le processus de compostage : la pratique quotidienne

Le compostage est un processus dynamique qui nécessite une surveillance régulière. L'aération, l'humidité et la température sont les facteurs clés pour obtenir un compost de qualité. Un suivi régulier permettra d’anticiper les problèmes et d’optimiser le processus de compostage.

Préparation du bac : les premières étapes

Commencez par installer une couche de drainage au fond du bac (environ 5cm de gravier ou de grosses branches broyées) pour éviter la stagnation d'eau. Puis, ajoutez une première couche de matières brunes (environ 15cm), suivi d'une couche de matières vertes (environ 10cm). Continuez en alternant les couches jusqu'à remplir le bac aux 2/3.

Couches successives : l'art de l'alternance

L'alternance des couches de matières vertes et brunes est essentielle pour une bonne aération et une décomposition optimale. Une épaisseur de 10 à 15 cm par couche est recommandée. N’hésitez pas à humidifier chaque couche en cours de remplissage.

Aération et retournement : l'oxygène, un élément clé

L'aération est cruciale pour une décomposition rapide et efficace. Un compost mal aéré compacte, ralentissant le processus et favorisant les mauvaises odeurs. Le retournement régulier du compost (toutes les 2 à 3 semaines) est nécessaire pour faciliter l’aération et homogénéiser le mélange. Pour les bacs tournants, il suffit de tourner le bac régulièrement. Pour les autres bacs, utilisez une fourche à compost ou une bêche.

Humidité : maintenir le bon équilibre

Maintenez une humidité constante, similaire à celle d'une éponge bien essorée. Un compost trop sec se décompose lentement, tandis qu'un compost trop humide risque de pourrir et de dégager de mauvaises odeurs. Arrosez régulièrement si nécessaire, en vérifiant l'humidité en touchant le compost.

Suivi de la température : un indicateur précieux

La température du compost est un indicateur de son activité. Une température comprise entre 40°C et 60°C indique une décomposition active. Une température inférieure à 40°C peut indiquer un manque d'aération ou d'humidité. Une température excessive peut indiquer un déséquilibre dans le rapport C/N et nécessite un ajustement.

Gestion des nuisibles : anticiper les problèmes

Les mouches et les rongeurs peuvent être attirés par le compost. Couvrez le bac avec un voile ou un grillage pour les éloigner. Une aération adéquate et un compost équilibré limitent leur apparition. En cas d’infestation importante, vous pouvez utiliser des pièges à mouches ou des répulsifs naturels.

Le temps de compostage : un processus patient

Le temps de compostage varie de quelques mois à plus d’un an, selon divers facteurs : la température ambiante, le rapport C/N, la taille des déchets et l’aération. Un compost bien équilibré et correctement entretenu mûrira plus rapidement. En moyenne, il faut compter entre 6 mois et 1 an pour obtenir un compost de qualité.

Reconnaître un compost de qualité : signes de maturité

Un compost mature est sombre, homogène, friable, et sent la terre fraîche. Il ne doit plus contenir de matière non décomposée, hormis quelques morceaux de bois plus résistants. Il doit ressembler à une terre riche et foncée, avec une texture aérée et homogène.

Utilisez votre compost au jardin comme amendement pour enrichir votre sol, ou comme paillage pour protéger les plantes et conserver l’humidité. Il peut également être utilisé pour rempoter vos plantes.

En suivant attentivement ces conseils, vous obtiendrez un compost riche et de qualité, un véritable atout pour votre jardin et pour l'environnement. Le compostage en bac est une solution simple et efficace pour réduire vos déchets et améliorer la fertilité de votre sol de manière naturelle et durable. Améliorez la santé de vos plantes et participez à la préservation de notre environnement!

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